Pourquoi l’écoute active ?
Au-delà du proverbe qui dit que puisqu’on a deux oreilles et une bouche on devrait écouter deux fois plus que ce que l’on parle, voici les quelques raisons qui ont poussé à faire une infographie sur l’écoute active.
- Baptiste Morizot, un philosophe que nous apprécions tout particulièrement, parle des crises actuelles comme d’une crise de la sensibilité. Elle se définit en partie par l’incapacité de se mettre à l’écoute de ce qui nous entoure (êtres humains mais aussi ensemble du vivant !)
- Dans la formation à l’animation de collectif Animacoop que nous animons sur Lyon, nous parlons souvent de passer d’une posture par défaut : de l’intention vers une posture d’attention. L’une des caractéristiques de cette posture est l’écoute.
- And last but not least… Hartmut Rosa, sociologue que nous apprécions tout autant, analyse nos difficultés actuelles par un phénomène d’accélération constante. Sa réponse n’est pas de ralentir mais de cultiver la résonance. On ne résiste pas à vous citer ci-dessous la fin de son manifeste Accélérons la résonance !.
Que devons-nous faire ? Il me semble que c’est justement l’attitude qui sous-tend cette question que nous devons apprendre à maîtriser. Pour ma part, je pense – même si j’ai bien conscience qu’il ne s’agit pas d’une réponse parfaite – que nous devons d’abord écouter. Ensuite, mais seulement à partir de l’attention que nous parviendrons à accorder à la présence de l’autre, nous pourrions essayer d’apporter des réponses circonstanciées et expérimenter de nouvelles formes de vivre-ensemble.
Que devons-nous apprendre dans les années à venir ? À écouter et à renouer la relation avec les autres et le monde. Ce que nous devons clarifier en premier lieu, c’est la façon dont nous voulons être en relation avec les autres et le monde.
Hartmut Rosa – Accélérons la résonance !
L’écoute active pour apprendre à écouter !
On a pris Hartmut au pied de la lettre et on s’est donc renseigné sur la manière d’apprendre à écouter. Pour cela, on vous propose la « technique » de l’écoute active. Technique, car elle a été récupérée par les commerciaux comme technique de vente ! L’écoute active pour mieux écouter, adapter son discours commercial et mieux vendre… on est loin de l’esprit de la citation ci-dessous 🙂
On a tout de même creusé. Et à partir d’un livre (L’écoute ; suivre la voie de l’empathie pour apaiser les relations) et d’une formation suivie (Découvrir l’écoute active en approche centrée sur la personne), on se retrouve donc avec l’infographie ci-dessus 🙂
Écouter, un état d’esprit
Ce qui ressort de tout cela, c’est d’abord que l’écoute est une question d’état d’esprit, et cela à deux niveaux.
L’écoute pour l’autre
Il y a tout d’abord à avoir une envie sincère, une curiosité pour l’autre personne… telle qu’elle est ! D’où le fait qu’écouter implique d’avoir un regard positif inconditionnel pour la personne. Cela veut dire que nous ne sommes pas forcément toujours la meilleure personne pour écouter selon la situation. Tout le monde a ses limites personnelles à sa capacité d’écoute , et celles-ci peuvent évoluer au fil du temps.
L’objectif ensuite est d’entrer dans le monde subjectif de la personne écoutée, c’est-à-dire le monde tel que la personne le voit. En effet, l’idée n’est pas tant de comprendre la situation que de comprendre la personne. On dit souvent que l’empathie c’est d’avoir un pied dans le monde de l’autre (avoir les 2 pieds serait plus de la sympathie, voire de la fusion). Écouter, c’est partir en voyage dans le monde de l’autre et l’accompagner.
Cet état d’esprit n’est pas aussi simple qu’il n’y paraît. En effet, lorsqu’on écoute on a souvent des intentions cachées (souvent même cachées à soi-même). Voici les principales :
- Cherche-t-on à évaluer l’autre ? Le jugement n’est pas très loin… et la personne écoutée aura tendance à vouloir par la suite faire plaisir, bien faire.
- Cherche-t-on à interpréter ce que l’on entend ? On risque de déformer… et la personne écoutée peut se sentir nier dans son monde.
- Cherche-t-on à soutenir ? On peut avoir tendance à dédramatiser ou à minimiser… et la personne écoutée peut devenir dépendante.
- Cherche-t-on à enquêter ? Cela peut virer à l’interrogatoire… et devenir intrusif pour la personne écoutée.
- Cherche-t-on à trouver une solution ? On peut brusquer la prise de décision… et de nouveau créer une dépendance pour les prochaines décisions.
Cette liste représente les 6 attitudes de Porter (avec l’empathie en 6e, celle que l’on souhaite développer dans l’écoute active). À noter, les 5 attitudes développées ci-dessus ne sont pas mauvaises en soi. Elles sont même très utiles dans d’autres contextes, cependant elles ne favorisent pas une écoute pleine et entière.
L’écoute pour soi
Un autre niveau, auquel on pense moins, c’est que pour bien écouter, il faut être disponible. Et donc s’être écouté soi-même avant !
Techniquement on parle de congruence. L’idée est d’être aligné avec soi-même. Cela ne veut pas dire être toujours bien et rayonnant… Mais être au clair, d’avoir conscience du sentiment que j’éprouve (et au besoin de le partager mais pas nécessairement).
Cette attitude, pas franchement mise en valeur dans notre monde aujourd’hui, sous-entend tout un travail sur soi :
- valoriser la vie intérieure et émotionnelle
- nettoyer les injonctions à être fort, à contrôler
- remettre en question le tout action et tout efficacité productive
- sortir des relations & jeu de pouvoir
- diminuer l’emprise sur autrui
- lutter contre le sentiment de supériorité
- …
Petite illustration d’écoute empathique
Pas facile d’apprendre à écouter… On vous laisse avec cette jolie illustration, venue de la communication non violente, qui donne un exemple plus concret.
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