Les ingrédients d’un collectif qui vit bien
Comme précisé dans l’infographie, pour former un collectif qui vit bien, il faut un peu de tout (convergence, divergence, opposition)… mais pas dans les mêmes proportions !
La recette (précise ! 🙂 ) que nous vous proposons est donc la suivante :
- 3 cuillères à soupe de convergence
- 2 cuillères à café de divergence
- une pincée d’opposition
Au-delà du clin d’œil culinaire (Romain vient de passer son CAP cuisine 🙂 ), l’idée est d’avoir une majorité de convergence, un peu de divergence, un soupçon d’opposition. Mais pourquoi ?
La convergence
Avoir une majorité de convergence semble être une évidence dans un collectif qui vit bien. En effet, c’est ce qui va permettre de suivre un objectif commun, d’avancer ensemble… La base !
S’il n’y a pas assez de convergence, le collectif peut imploser en partant dans tous les sens, voire même en se séparant pour créer des sous-collectifs qui eux vont converger… ce qui peut parfois être une solution.
S’il y a trop de convergence, cela peut aussi être dangereux pour le groupe. C’est contre-intuituf mais si tout le monde est d’accord sur l’objectif à suivre et la manière de faire, il n’y a alors pas de remise en cause, ni d’interrogation sur cette direction. Et vlan ! On finit dans une impasse. Toutes et tous ensemble, certes, mais dans une impasse tout de même 🙂 Alors ajoutons un peu de divergence.
La divergence
Avoir un peu de divergence semble moins intuitif dans un collectif qui vit bien. Mais cela va servir à éviter la situation décrite ci-dessus. Avoir quelques personnes, qui questionnent l’objectif, qui proposent des manières de faire différentes peut être enrichissant et permettre au groupe de se réinventer et d’éviter certaines erreurs.
S’il n’y a pas de divergence, le collectif retombe dans le risque de foncer dans une impasse.
S’il y a trop de divergence, le groupe n’avance plus, il ne sait pas quelle direction prendre : c’est la crise !
L’opposition
Avoir un soupçon d’opposition semble carrément contre-intuitif (voire contre-productif) pour un collectif qui vit bien. Son rôle va être le même que la divergence mais de manière plus frontal et opposé à la direction principale du groupe. Raison pour laquelle on en propose seulement une pincée…
S’il n’y a pas d’opposition et que le groupe est dans l’erreur, le risque est que la divergence (souvent plus diplomate et moins questionnante sur le cœur du projet) ne suffise pas à éviter l’impasse.
S’il y a trop d’opposition, deux chemins contraires semblent émerger, le groupe n’avance plus, il ne sait pas quelle direction prendre : c’est le conflit !
Comment accueillir la divergence et l’opposition ?
Alors à ce niveau là, vous pouvez être convaincu·e théoriquement mais il y a des chances que vous pensiez : « ils sont bien gentils avec leur recette de grand-mère mais comment je fais, moi, dans mon collectif pour travailler tout ça et surtout dans les bonnes proportions ». Certes 🙂
Cette notion de « collectif qui vit bien » est une des choses dont nous parlons dans la formation à la coopération Animacoop que nous animons sur Lyon, alors voici quelques pistes concrètes. L’idée est d’avoir ces 3 choses en tête vis-à-vis de la divergence et de l’opposition :
- les accepter
- leur faire une place
- ritualiser leur traitement
3 étapes : acceptation, place, traitement
Premier point, l’acceptation. On croit souvent que pour bien vivre, un collectif doit toujours être d’accord sur tout, tout le temps. Ce n’est pas forcément vrai et c’est d’ailleurs rarement le cas 🙂 L’accepter personnellement et collectivement en en discutant est un premier pas pour que ça se passe bien.
Deuxième point, leur faire une place. La divergence et l’opposition dans de bonnes proportions, c’est chouette comme on l’a vu ci-dessus. Pourtant, avoir quelqu’un qui réinterroge la raison d’être de l’association pendant qu’on est en pleine action, ce n’est pas forcément le plus pertinent… en tout cas on aura pas l’espace pour accueillir cette question ! L’idée est donc justement de créer des espaces pour accueillir les idées. Cela peut prendre différentes formes, à vous de l’inventer avec votre collectif (petit-déjeuner débrief, espace bilan à l’AG, réunion de gouvernance, etc). L’idée est d’avoir un espace pour traiter ces questionnements précisément.
Troisième point, ritualiser leur traitement. Reprenons notre exemple de la personne qui réinterroge la raison d’être de l’asso en pleine action militante. Sa réaction sera différente si on lui dit : « pas maintenant, ça a été décidé l’année dernière » ou « ce n’est pas le lieu ni le moment pour en parler, on le fera lors de notre apéro mensuel sur le débrief de nos actions ». Avoir un espace pour accueillir divergence & opposition mais aussi avoir un rituel qui permet d’en discuter régulièrement permet à tout le monde de se sentir mieux. Celleux qui veulent apporter leur contribution savent qu’iels ont un espace pour le faire, que cela va être traité prochainement. Ainsi, ça ne perturbe pas la vie quotidienne du collectif et ça permet de continuer à avancer.
Exemple concret : Jeff a été co-gérant de sa coopérative d’activité et d’emploi pendant 2 ans. Avec sa co-gérante, iels avaient mis en place 3 types de réunions :
– une réunion hebdomadaire assez classique pour traiter le flux
– une réunion tous les 2 mois orientée « stratégie »
– un rendez-vous trimestriel « les 4 saisons de la cogérance » qui se tenait le vendredi après-midi suivant un changement de saison et qui permettait de traiter seulement les éventuelles tensions / difficultés
Du conflit… vers la crise… vers un collectif qui vit bien !
Amenez de la divergence, pour créer une crise qui permet de sortir du conflit 🙂
On l’a vu ci-dessus, on parle de conflit quand un groupe se retrouve face à 2 chemins opposés (chemin souvent porté chacun par une personne). Première étape : l’accepter ! Comme précisé plus haut, cela peut faire partie de la vie d’un groupe, il faut l’assumer, savoir que l’on va diverger pour ensuite reconverger. L’idée ensuite est de sortir d’une vision blanc ou noir en ouvrant les possibles : créer de la divergence.
Cette liste n’a pas prétention à être exhaustive mais seulement à vous fournir quelques pistes. Si vous voulez nous partager vos astuces, nous avons mis en place un espace de co-écriture en fin d’article.
Premièrement, on peut diverger sur la question / le problème :
- La méthode des 5 pourquoi ?
- Utiliser le PQQCOQP (nous on dit CQQCOQP en rajoutant le combien 🙂 )
- Le GroDébat (qui commence par évoquer le problème avant d’aller vers les solutions)
On peut ensuite, bien entendu diverger sur les solutions à apporter :
- Le brainstorming en file indienne
- Le brainstorming inversé (c’est drôle en plus) aussi appelé « Résolution des problèmes par la méthode de l’opposé des contraires«
- Faire un entretien collectif
- Le GroDébat (évoqué plus haut)
- L’avocat de l’ange
- La guirlande
- Le rêve (nous, on a tendance à appeler ça « souvenirs du futur »)
- L’analyse croisée
Félicitations ! Si tout se passe bien votre collectif est désormais en crise : il a tout plein d’idées divergentes mais ne sait pas où aller. Bon, c’est pas encore gagné mais vous êtes sortis du conflit : bravo !
Ramenez de la convergence pour sortir de la crise et aller vers un collectif qui vit bien 🙂
Vous voilà désormais face à un ensemble de pistes. Votre groupe est en crise et ne sait pas où aller. Toujours la même étape initiale : l’accepter. L’idée est ensuite d’aller ensemble vers une (ou plusieurs ?) piste principale : créer de la convergence.
À noter que nous présentons la crise comme une sortie du conflit mais vous pouvez être en crise sans être passé par l’étape du conflit.
Voici quelques pistes à suivre. Rendez-vous en fin d’article si vous avez d’autres idées.
Si la crise concerne le mode de fonctionnement du groupe, on peut utiliser les accords de groupes.
Si l’idée est plus de converger sur une proposition, voici quelques méthodes :
- Jeu du 35 ou du 5×7
- La prise de décision par consentement
- Le jugement majoritaire / retrouver aussi ici notre infographie sur le jugement majoritaire
- La prise de décision par sollicitation d’avis
- L’élection sans candidat (pour converger sur une personne devant tenir un rôle)
Et vous, comment vous faites pour que votre collectif vive bien ?
L’idée de cette infographie est de vous fournir une grille de lecture et quelques pistes concrètes avec l’article. Nous n’avons pas du tout la réponse absolue alors partagez vos trucs et astuces dans l’espace d’écriture ci-dessous (cliquez ici s’il s’affiche mal).
Remarques, conseils ou idées à partager